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Introduction à OpenStreetMap

Qu’est-ce que c’est ?

Pour commencer, mieux vaut vous rendre sur OpenStreetMap.org. Vous y verrez une carte.

Comme vous avez déjà certainement utilisé des services tels que Google Maps, Mappy ou Bing, vous pouvez vous demander ce que celui-ci a de différent: il est collaboratif. Ainsi, ce sont des gens comme vous et moi qui ont saisi les cartes. OSM est donc aux cartes ce que Wikipédia est aux encyclopédies.

Est-ce utilisable ?

Pour être honnête, je dirais que pas encore. Il faut bien comprendre qu’OSM se nourrit des informations saisies par des bénévoles, et donc certaines zones — en particulier denses et urbaines — sont bien renseignées, alors que d’autres ne font apparaître que les grands axes routiers et ferroviaires.

Le projet a démarré en 2004, et le travail accompli est formidable. Le mouvement devrait s’accélérer, parce que, vous le verrez dans les prochains articles, contribuer est aujourd’hui facile. Par ailleurs, de nouvelles sources de données sont apparues. Ainsi, l’ami Crosoft permet à OSM d’utiliser les photos satellites de Bing (j’ai cru comprendre qu’il faisait surtout cela pour ennuyer Google…) et nous pouvons depuis peu utiliser les données du cadastre français.

Pourquoi contribuer ?

J’ai pour ma part deux raisons de contribuer. La première est qu’il s’agit d’un acte citoyen. On a souvent besoin de cartes, que ce soit pour voyager, se rendre chez des amis, préparer un trajet professionnel ou une randonnée. Actuellement, ces données sont détenues par une poignée de sociétés ou d’organismes gouvernementaux qui limitent leur accès pour des raisons stratégiques ou financières.

La seconde raison est qu’il s’agit d’une source de richesse. Ces données libres ouvrent la voie à de nouvelles applications qui ne pourraient pas exister autrement, que ce soit parce que les données ne seraient pas accessibles, ou parce qu’elles seraient trop chères.

Je m’y suis mis il y a quelques jours

Je m’étais intéressé à OSM il y’a quelques années, mais il m’avait semblé qu’y contribuer était trop complexe. Par exemple, il fallait installer un logiciel sur son GPS de voiture pour connaître les routes existantes (créer des traces).

Aujourd’hui, avec le GPS d’un iPhone, on peut tracer sa route et l’envoyer facilement à un ordinateur. On peut aussi prendre des photos géolocalisées pour noter les endroits remarquables.

Nous verrons aussi dans les prochains articles que l’utilisation des outils logiciels est assez simple.

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(Encore un article sur) le retrait de l’application Appgratis

Comme vous avez sans doute pu le lire à divers endroits, l’application Appgratis a été supprimée la semaine dernière par Apple.

Si, comme moi, vous ne connaissez ni l’application ni son site web, rappelons qu’il s’agit d’une application qui répertorie tous les jours des applications gratuites «sélectionnées». Comme l’application disposait d’une audience significative, elle avait la faculté d’influencer — de façon artificielle — sur le nombre de téléchargements d’une application et par conséquent sur son classement sur l’App Store. D’où son retrait.

Ce sont les événements qui ont suivi qui m’ont intéressés: une plainte publique de la part du dirigeant d’Appgratis, suivie de l’intervention de Fleur Pelerin, la ministre de l’Économie numérique.

L’affaire Coyotte

Cette affaire a éveillé en moi un parallèle avec une autre affaire: celle des avertisseurs de radars. Quand les radars automatiques ont été mis en place, le législateur a laissé la liberté de rendre publics leurs emplacements. L’idée dominante de la loi est qu’un radar a pour vocation de sécuriser une zone; ainsi, que les usagers de la route soient avertis de sa présence les incite à ralentir, et la sécurisation de la zone est assurée.

Peu après est apparu le célèbre Coyotte, un avertisseur de radars français qui embarquait une liste des radars. Je voudrais  faire une mise au point: quand on est chef d’entreprise, on rencontre des opportunités et on décide s’il est judicieux de les saisir ou non. Dans le cas de Coyotte, les dirigeants ont vu l’opportunité de créer un avertisseur de radars et savaient que le marché était juteux. D’un autre côté, ils savaient que la législation risquait de changer, mais ils ont quand même tenté leur chance, parce qu’ils espéraient profiter de la manne au moins quelques années.

Ce qui devait arriver, arriva. Sous la pression du ministère des finances des associations contre la violence routière, le gouvernement semblait enclin à interdire les avertisseurs de radars. Or, ce changement de position était prévu dès le départ par Coyotte, aussi avaient-ils déjà préparé leur défense, avec un argument simple: modifier la loi mettrait fin aux activités de Coyotte, aux emplois de ses salariés, des ses sous-traitants, et à l’activité indirecte générée.

Si un ministre avait vocation à se positionner sur des questions de société, un choix aurait été fait: soit interdire les avertisseurs de radars, pour renforcer la sécurité routière quitte à perdre quelques emplois, soit continuer à les autoriser, ne remettant pas en cause l’esprit initial de la loi et préférant la liberté individuelle. Mais un ministre a plutôt vocation à trouver un consensus mou.

Au final, il fut décidé de ne pas décider: les « avertisseurs de radars » sont devenus des « avertisseurs de zones de danger », zones qui incluraient les zones où se trouvent les radars, et une liste d’autres zones qui serait publiée, eh bien… un jour peut-être.

L’affaire Appgratis

Ce détour par l’affaire Coyotte m’amène à faire un parallèle avec Appgratis. Au départ, Appgratuites est un simple blog qui parle des nouvelles applications iPhones gratuites. L’audience devenant croissante, les éditeurs d’application sont devenus prêts à payer pour apparaître sur le blog. Voilà pour l’opportunité, que le dirigeant d’Appgratis a fort bien exploitée.

Mais, il savait forcément qu’il y avait un risque: comme cette forte audience modifie artificiellement les classements de l’App Store, Apple pouvait prendre la décision de retirer leur application pour rééquilibrer la situation.

Le jour où l’application est finalement retirée, Appgratis exécute son plan, forcément préparé depuis longtemps: faire le maximum de bruit. Soyons clairs, il est improbable qu’Apple revienne sur sa décision, et cette plainte publique ne la fera pas changer d’avis. Contrairement à un ministre, Apple se moque pas mal que quelques français perdent leur emploi, n’a pas à trouver de consensus, ni entreprendre des pourparlers. Par contre cette affaire permet de faire causer la presse et les blogs (comme le mien!) et faire découvrir Appgratis, qui va finalement proposer une autre solution technique pour présenter les  applications.

La question subsidiaire est: Que vient faire Fleur Pelerin dans cette histoire ? Eh bien, son boulot de ministre. Elle sait elle aussi qu’Apple ne va pas plier devant des menaces de porter plainte devant le commission européenne, mais elle ne veut pas être taxée d’inaction. Aussi lui faut-il défendre le gentil Appgratis de la méchante Apple. Au moins, si Appgratis venait à fermer boutique, elle aura fait ce qui était en son pouvoir.