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Les applications Mac sont elles trop chères ?

À l’annonce du Mac App Store, j’ai pu lire ici et là qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle, “les logiciels Mac étant trop chers” (sic). Voici l’avis partial d’un développeur Mac sur la question.

Le prix des applis va-t-il baisser ?

Sachez qu’à ce sujet, les discussions entre développeurs vont bon train sur le forum d’Apple. Un consensus semble pourtant se dégager: que l’application soit vendue au même prix sur l’App Store que sur le site de l’éditeur. C’est à dire que l’éditeur rogne déjà sur sa marge, à cause de la ponction de 30% des gains par Apple. L’App Store iOS est passé par là, et a démontré que l’intuition naïve de vendre à prix plancher en espérant se rattraper sur le volume n’avait fait le succès que de peu d’élus. Pourtant, certains croient encore vendre leurs applis ”sans marketing” du fait de leur seule présence sur l’App Store. L’expérience App Store iOS a totalement démonté cette théorie: il est inconcevable de vouloir vendre une appli iOS aujourd’hui sans avoir un bon plan marketing derrière, avec un site web dédié et de l’affiliation à tout va. Ceci dit, le prix moyen d’une application Mac va baisser: nul doute que nous allons assister à la naissance de nombreux ”crapwares” — ces logiciels aussi mal conçus qu’inutiles, qui pullulent au sein de l’App Store iOS. Même si Apple a durcit ses règles de validation sur cette plateforme.

Le prix d’une appli d’après ses coûts de développement

Fixer le prix d’une application est difficile; d’ailleurs, il existe même des livres qui y sont consacrés. La première approche est de se dire que le coût de développement doit être couvert par les ventes. Ainsi, si vous mettez quatre mois à développer un logiciel, que vous vous payez 2000 € par mois (ce qui coûte réellement autour de 4000 € à la société), et que vous vous attendez à 1000 ventes, le juste prix serait de 4000 € x 4 mois / 1000 ventes = 16 € HT. Evidemment, ce n’est pas aussi simple. Déjà parce que tous les développeurs n’ont pas la même productivité, et surtout parce qu’évaluer le volume de ventes est impossible avant de lancer le produit. Si quelqu’un connaît une méthode d’évaluation valide, qu’il m’en fasse profiter, j’écrirai un bouquin et deviendrai riche.

Ensuite, parce que les logiciels ne se vendent pas tout seuls: j’ai fait moi-même l’erreur de le croire au départ. Votre logiciel aura beau être génial, il faut faire du marketing, sinon il passera inaperçu. Je consacre aujourd’hui un tiers de mon temps à cette activité. Si vous suivez toujours le raisonnement sur le prix de vente, il faudrait donc vendre le logiciel un tiers plus cher, soit 21 € HT.

Le bon prix

Le calcul du paragraphe précédent n’a aucun sens parce qu’il fait abstraction de la première règle du marketing:

Le bon prix est celui que le client est prêt à payer.

En y réfléchissant, cette règle est très logique: le client se fiche du temps passé à programmer l’appli. Il a un besoin (rationnel ou non) à satisfaire. Si le prix ne lui paraît pas déraisonnable, il achètera. De fait, la réflexion doit porter sur la découverte de ce prix raisonnable, pour lequel nombre de paramètres entrent en jeu: les prix de la concurrence, la qualité perçue, les moyens du public visé, etc.

Prenons le problème par l’autre sens: la culture du store iOS est de vendre à prix plancher: à quatre euros, une application paraît déjà chère! De fait, une stratégie adoptée avec succès par certains est de consacrer le minimum de temps au développement et de miser sur le marketing.

En conclusion, on en revient au problème du coût de développement: le prix actuel des logiciels Mac permet la réalisation de logiciels ambitieux en termes de qualité et de fonctionnalité. En ce sens, la baisse des prix ne serait pas forcément une bonne nouvelle pour les utilisateurs.